Coup de mou
Coup de mou
Une fois n’est pas coutume… Aujourd’hui, je vais geindre un peu (pas trop non plus, ne fuyez pas !).
Je précise que cet article m’est personnel et que Sébastien, en plein pouponnage de nouveau-né à l’heure où j’écris ces lignes, n’y est pour rien… 🙂
Ça fait longtemps que je n’ai pas publié d’article sur le blog M.I.A (ceci est d’ailleurs bien le symptôme d’un problème que je décortique plus loin) et j’aurais préféré proposer quelque chose d’un peu plus léger, mais après tout, ça fait parfois du bien de dire ce qu’on ressent.
Cette semaine, j’ai pris la décision de me recentrer sur notre travail de plume, car à trop m’investir dans nos diverses activités… M.I.A finit par en pâtir.
Pour faire simple : 5 fois moins de promotion qu’à nos débuts correspond à 5 fois moins de ventes de nos livres, à qualité de commentaires égale d’un titre à un autre (alors que nous sommes en pleine préparation du huitième et qu’un peu de boost au moral ne me ferait pas de mal lorsque j’écris sur le seul créneau qu’il me reste… soit le fameux 3/5 heures du matin).
Normal, tous les auteurs en activité depuis longtemps le savent bien : l’offre de livres est tellement vaste et la nécessité de marketing est si importante qu’il ne faut rien lâcher, sous peine de régresser et de devoir recommencer à ramer (presque) de zéro à chaque nouvelle sortie.
Je ne vais pas non plus me lamenter, puisque nous conservons un niveau de vente plus que correct, mais je ressens actuellement un grand sentiment de gâchis et de frustration dû à un problème particulier qui devient obsédant : l’absence de temps dédié à M.I.A.
Ceci alors que je m’investis dans une trilogie qui est sans doute notre travail le plus ambitieux à ce jour…
Les sept heures quotidiennes que nous consacrions à notre activité d’auteurs il y a quatre ans sont devenues cinq, puis trois, puis deux (voire une) aujourd’hui.
C’est-à-dire à peine de quoi écrire (sans parler d’assurer le minimum syndical en animation de réseau et en promotion de nos livres).
Priorité à la maison d’édition EHJ et à ses auteurs, puis à TutoBar… c’est logique.
Mais à trop m’occuper des autres, je commence à ronger mon frein un jour sur deux, ce qui n’est pas bon signe (vive le syndrome des cordonniers mal chaussés !).
Comme la maison reste bien sûr un socle d’activité essentiel avec des engagements contractuels, et que nous ne pourrons ralentir un peu le rythme qu’au fil du temps, j’ai donc choisi de commencer par relâcher la pression en mettant TutoBar en veille, ce qui me permettra de gagner quelques précieuses heures chaque semaine.
Cette décision n’a pas été très difficile, compte tenu des résultats de TB au bout de six mois : à l’exception d’une poignée d’auteurs abonnés avec qui nous échangeons régulièrement, presque tous ceux qui sont venus y récupérer des formations se sont jetés exclusivement sur… les tutos gratuits.
En bref : plus de mille téléchargements de vidéos de formation en six mois (ce qui est très satisfaisant)… mais seulement une dizaine de véritables achats.
Les gens testent nos contenus et reviennent souvent (ce qui prouve d’ailleurs qu’ils apprécient nos formations), façon libre-service… mais oublient que ce serait sympa, une fois de temps en temps, de montrer un peu de reconnaissance en achetant une petite formation, histoire de savoir aussi dire « merci ».
Ah, la culture moderne du « tout-gratuit »…
En résumé, ceci revient à dire :
- que j’enregistre toutes les vidéos payantes (vendues en majorité à 5 € pour une moyenne de 40 minutes de formation) pour la gloire, sans parler des maquettes additionnelles fournies et du temps de préparation que représente chaque formation.
- ou alors, qu’il nous faut proposer exclusivement du tout-gratuit et donc y être de notre poche, puisque notre système de diffusion nous coûte de l’argent et que notre propre temps a aussi, accessoirement, une certaine valeur.
Moi qui ai longtemps travaillé dans la formation professionnelle, dans une autre vie, où le coût moyen d’une journée de formation dépasse allègrement les 500 €, en moyenne, je reconnais que voir des gens hésiter à se former sérieusement pour 5, 10, 15 ou même 40 €…, ça me dépasse.
Mais avec le recul et l’expérience, ce comportement ne m’étonne qu’à moitié : les auteurs auto-publiés français ne suivent pas la même logique que les auteurs anglo-saxons en activité depuis plus longtemps (ceux-ci n’hésitent pas, au passage, à avoir un agent, un graphiste, un correcteur, etc.), la publication indépendante à cette échelle étant bien plus récente en France qu’aux USA ou en Angleterre, et donc encore balbutiante.
L’analyse des comportements francophones, après plusieurs années passées dans le milieu de l’édition, me montre qu’on préfère souvent passer trois jours à tenter de régler un problème administratif/technique/commercial, etc. au sujet de son livre, en hantant les forums de discussion gratuits peuplés de personnes avec les mêmes problèmes… plutôt que de payer 10 € pour une formation professionnelle et de régler le problème en une heure.
C’est un réflexe que je trouve curieux, mais c’est comme ça…
Notre offre est clairement trop ambitieuse dans son approche telle qu’elle est construite aujourd’hui et nous sommes en train d’hésiter entre la modification de ses principes de diffusion (contenu, public visé, système utilisé, etc.) et une annulation pure et simple du service, ce qui me libérerait du temps.
Je vous avoue que nous penchons clairement vers la seconde solution. Nos quelques abonnés TB toujours en place sont actuellement le seul frein à cette décision.
Depuis début 2012, j’ai personnellement consacré plus de cinq cents heures de mon temps personnel à répondre à des questions d’auteurs, via ce blog (c’est d’ailleurs pour cette raison précise que nous avons créé TutoBar, compte tenu du besoin évident qui ressortait et de notre souhait d’apporter une solution professionnelle et accessible à tous).
Je l’ai fait avec plaisir pendant longtemps, mais je ne le ferai plus, ou à la marge. L’expérience TutoBar m’a trop échaudée.
Car, comme le dit si bien le proverbe (un peu brut de pomme, je vous l’accorde, mais qui résume plutôt bien mon ressenti actuel) : « Trop bon, trop con ». 🙂
Aider de temps à autre, oui. Mais le faire au point de ne plus pouvoir nous consacrer correctement à notre activité (initialement) principale, non.
Plus l’envie, plus l’énergie de le faire.
Et M.I.A mérite plus que des miettes de mon temps…
Bref, vous l’aurez compris, je traverse personnellement une petite période de ras-le-bol et de désillusion.
La fatigue, l’accumulation de travail et un deuil familial récent dont je me remets difficilement ne m’aident sans doute pas à retrouver du peps.
Merci donc par avance de ne pas le prendre personnellement si les réponses à vos mails ou commentaires sur les questions d’auto-publication tardent à venir, sur ce blog et ailleurs.
Là, je m’en retourne écrire et m’occuper de nous. Ça va me rendre mon enthousiasme habituel. 🙂
Merci pour votre lecture,
Hélène
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