Coulisses de Max – Auteur et narrateur ne sont pas la même chose
Coulisses de Max – Auteur et narrateur ne sont pas la même chose
Le dernier avis laissé à propos de Max sur Amazon est intéressant, car il souligne de quelle façon il est facile pour un lecteur de confondre narrateur et auteur d’un livre.
Ce commentaire (que vous pouvez agrandir en cliquant sur l’image) contient notamment les phrases suivantes :
– « L’aspect nauséabond provient des commentaires réalisés par un protagoniste qui souvent reste inconnu pour le lecteur. C’est une voix qui par conséquent semble être la voix des auteurs (MIA) et c’est ce qui gêne le plus dans les propos tenus ».
– « Les auteurs dérapent totalement et bien qu’ils placent ces propos dans la bouche d’un “être” fictif (et quel être fictif !), ce sont leurs mots et leurs idées. Et ils font froid dans le dos. »
Alors je voudrais commencer par rappeler une évidence que nous avons eu l’occasion d’expliquer (entre autres points discutés) dans la longue interview que nous avons donnée à Kathy Dorl et que nous avons publiée sur ce blog il y a quelques jours : non, les auteurs de M.I.A ne sont pas le « méchant » narrateur du livre et ses idées ne sont les nôtres. 🙂
Tous ceux qui nous connaissent personnellement trouveraient d’ailleurs un tel amalgame très rigolo…
Un auteur (sauf cas particulier des mémoires, journaux intimes et autobiographies) n’est si son narrateur ni ses personnages. Et heureusement !
Car cela voudrait dire, s’il est une personne de bonne mentalité, qu’il n’aurait alors le droit de faire parler ni des psychopathes, ni des extrémistes, ni des misanthropes, ni des fous, ni des tueurs d’enfants, ni des dictateurs et j’en passe.
Cela voudrait aussi dire qu’il est condamné à écrire sans relâche le même livre rempli de bonnes intentions, où tout le monde s’aime et est heureux dans le meilleur des mondes, sans se renouveler ni prendre de risques à chaque nouveau roman.
Et alors, dans un genre comme celui du thriller (et pas seulement), à quoi servirait-il, s’il n’est là que pour brosser tout le monde dans le sens du poil sans jamais s’emparer de la réalité ?
La fiction est un genre dans lequel l’auteur va pouvoir au contraire, via la narration, faire parler ce qui le choque ou l’intrigue lui-même dans le monde au sein duquel il vit.
Ce dont il est témoin, ce qu’il voit, ce qu’il entend vont lui donner une matière première qu’il va exploiter.
Il place des mots et des idées dans la bouche et les pensées de personnages qui sont indépendants de lui et peuvent parfois le révolter lui-même.
Et dans Max, nous avons choisi de mettre le doigt là où le monde va mal, dans ce qu’il a de plus sombre et de plus effrayant, via une « voix » qui n’est qu’un être fictif (comme l’a d’ailleurs relevé l’auteur du commentaire) et représente un peu la mauvaise conscience du monde, complexe, trouble et parfois même illogique.
Nous l’avons fait en voulant secouer le lecteur, en l’obligeant à réfléchir à ses propres convictions et pensées (et que celui qui n’a jamais eu une pensée malsaine de sa vie se fasse connaître, car une telle personne n’existe pas dans le genre humain).
Là où les médias traditionnels évoquent les horreurs du quotidien de façon si formatée qu’on arrive à les maintenir mentalement à distance, nous avons voulu mettre les pieds dans le plat et susciter une forme d’indignation.
Et il semblerait que ça fonctionne… 🙂
Je pose donc la question, en réponse au titre de ce commentaire : finalement, pourquoi recommander à d’autres lecteurs de « fuir » ce livre ?
Pour leur épargner, par grandeur d’âme, de devoir se poser certaines questions à leur tour ?
Parce qu’un livre doit nécessairement se contenter d’être un bon moment passé, où les gentils gagnent à la fin et où le monde est parfait ?
Parce qu’il ne faut jamais lire ce qui est dérangeant et perturbant, sous peine d’être « sali » par sa lecture ?
Parce que cette personne est passée à côté du livre et n’a pas compris ses intentions ?
Ce commentaire m’a laissée perplexe, car son auteur a aussi indiqué avoir « bcp aimé les autres romans, surtout “La Faille” ».
Il devrait donc savoir que le duo M.I.A n’aime pas les ambiances narratives de type « tout est noir ou blanc », et savoir aussi que nous n’aimons pas les compromis faciles qui ne servent pas l’objectif du livre (nous tuons des enfants quant c’est nécessaire à l’intrigue et nous ne débordons pas d’optimisme au sujet du genre humain, c’est vrai…).
Alors, pourquoi cette réaction ? Un débat serait intéressant pour creuser ses causes profondes.
En tout cas, notre article « Max – Un livre qui ne plaira pas à tout le monde » était apparemment justifié… 🙂
Nous espérons que nos lecteurs auront envie d’en savoir plus et partiront à la découverte de ce nouvel opus, pour en tirer leurs propres conclusions.
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À bientôt pour d’autres coulisses !
Hélène
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