Comment nous gérons notre écriture : planning et organisation
Comment nous gérons notre écriture : planning et organisation
Je disais dans l’article précédent que l’ensemble des cinq livres de M.I.A faisant partie de ce que nous regroupons désormais sous l’appellation Le cycle des temps (Rémoras, La Trappe et la trilogie La Faille) représente « près de 700 000 mots, plus de 300 heures de préparation en ligne via Skype et plus de 1 000 heures d’écriture », le tout en moins de quatre ans.
Pour ceux qui n’ont pas l’habitude de compter en « mots », je précise que cela représente à peu près 1 600 pages de texte si l’on lit nos livres au format papier.
Bien évidemment, si nous avions la possibilité d’écrire à 100 % de notre temps, nous aurions pu accomplir cinq fois plus durant cette même période.
Mais en sachant que M.I.A est une partie seulement de nos nombreuses autres activités éditoriales, nous sommes plutôt contents et fiers du résultat… car nous aurions aussi pu faire dix fois moins, si nous n’avions pas été suffisamment organisés.
Ceux qui nous connaissent un peu savent que Sébastien et moi-même travaillons exclusivement à distance et que nous devons jongler avec moult projets parallèles à M.I.A, tous communs. Ces activités nécessitent une planification minutieuse.
Comme nous avions développé des habitudes de travail très précises bien avant de « créer » M.I.A, nous avons naturellement appliqué ces habitudes à notre organisation pour l’écriture de fiction, elle aussi.
Bien sûr, l’organisation seule ne fait pas tout, car il arrive un point où le nombre d’heures nécessaires pour tout faire devient incompressible, aussi efficace puisse-t-on être : sur le plan personnel, je passe entre 70 et 80 heures par semaine devant mon écran.
Oui, c’est énorme, et oui, c’est volontaire ! C’est le prix à payer pour avoir trop d’envies créatives, trop de projets, trop de passions et trop de travaux parallèles en cours… 🙂
Mais, même en réduisant le nombre de projets et d’heures travaillées, je suis persuadée que l’organisation est la clef de voûte d’une écriture professionnelle efficace (quand je dis « professionnelle », je parle d’une volonté d’écrire plusieurs livres de qualité, à terme, et de tendre à vouloir vivre de son écriture en sortant du cadre du simple « hobby »).
Pour vous donner une petite idée de notre manière de procéder, voici comment se répartit mon propre temps dans une journée type de douze à treize heures (Sébastien a une répartition différente, mais qui suit la même logique et est complémentaire à la mienne) :
- Quatre heures sont consacrées à mes travaux « alimentaires » (rien de péjoratif dans ce terme, il s’agit simplement de l’ensemble de mon activité free-lance de base, qui m’assure un revenu stable et sûr chaque mois, et qui consiste en commandes d’écrits et de services de web-mastering par des clients avec qui je travaille régulièrement depuis des années) ;
- Quatre à cinq heures sont consacrées à notre maison d’édition (EHJ), qu’il s’agisse de correction de textes, de maintenance technique de notre site, de promotion, de gestion de l’équipe éditoriale et du planning, etc. ;
- Une heure est consacrée à nos projets en cours de développement ou annexes (partenariats, veille technologique, marketing de nos activités, etc.) ;
- Deux heures sont consacrées à M.I.A, en réunions préparatoires dédiées, phases d’écriture, marketing de nos livres, etc.
Nous planifions tout notre rythme de travail dès le début de l’écriture d’un nouveau titre, chapitre par chapitre, et gardons un œil sur le planning et le découpage tout au long du processus, pour ne jamais risquer le moindre retard.
Évidemment, ces deux petites heures réservées à M.I.A sont frustrantes, car nous aimerions les multiplier par deux, voire plus ! (D’ailleurs, l’actualisation de ce blog ces derniers mois s’en est nettement ressentie).
Mais elles ont aussi le mérite d’exister chaque jour (deux heures quotidiennes, c’est 1 000 mots d’écriture pure garantis en moyenne par jour, soit un livre de 90 000 mots environ entièrement relu, corrigé et prêt chaque semestre, en incluant tout le processus éditorial d’EHJ).
En planifiant ces heures, quel que soit le reste de notre actualité (et notre niveau de fatigue !), nous nous assurons de pouvoir tenir des délais corrects et d’écrire efficacement.
Car comme les livres de M.I.A sont bien évidemment inscrits au planning éditorial d’EHJ comme tous les autres livres que nous publions, nous ne pouvons nous permettre de faire n’importe quoi en la matière.
Chacun de nos livres doit être prêt à la date prévue, à charge à nous de bien nous organiser.
Nous voyons souvent, parmi les auteurs que nous côtoyons, certains dire : « J’écris simplement quand l’inspiration me vient ».
Loin de moi l’idée de critiquer cette manière de faire, car elle permet sûrement un meilleur équilibre personnel général (j’avoue que dormir cinq heures par nuit est un peu usant, au bout de quelques années !).
Mais dans notre cas, une telle absence d’organisation serait très vite « suicidaire », au regard de nos objectifs… car nous sommes tellement pris tout le temps que l’inspiration n’aurait jamais le temps de venir. 🙂
De plus, ne rien planifier empêche aussi d’organiser toute forme de marketing de pré-sortie, ce qui peut nuire au potentiel du livre. Quelqu’un qui ne sait pas du tout quand il finira son livre aura bien du mal à parler de date de publication…
Avoir une routine auto-imposée permet de ne pas tomber dans la procrastination qui nous menace tous dans les moments où l’énergie fait défaut.
Et il est si facile de se laisser aller à repousser son prochain chapitre à plus tard, jusqu’à perdre complètement le rythme et ne plus pouvoir tenir la distance…
En vérité, c’est souvent en se bousculant un peu soi-même que la plume finit par suivre, même lorsqu’on pense ne pas être d’humeur à écrire.
En ce qui nous concerne, sans cette organisation à l’allure un poil stakhanoviste d’un point de vue extérieur, nous nous serions dispersés et n’aurions accompli qu’une petite partie de ce que nous avons réussi à faire depuis 2010 : écrire cinq livres, monter une maison d’édition de A à Z avec 80 titres au catalogue, créer un système de marketing pour les ebooks, etc.
Mais ce n’est pas non plus sans raison que nous allons mettre en place un ralentissement des publications EHJ à partir de janvier 2015 (en revenant à un nouveau titre toutes les deux semaines), car nous voulons rendre un peu plus d’heures à M.I.A et à nos propres écrits.
Et vous, comment organisez-vous votre travail d’auteur ? 🙂
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